Les mouvements démocratiques viennent successivement de faire tomber les régimes autocratiques de Tunisie et de l'Egypte. En quelques jours, les peuples de ces deux pays ont renversé des régimes que l'on supposait solides, reposant sur des systèmes policiers et une répression féroce. 
 
 
 On ne peut que se féliciter de cette libération et saluer le courage, non pas des dictateurs qui s'en vont comme vient de le dire Francois Fillon, mais des centaines de milliers de tunisiens et d'égyptiens qui sont descendus dans la rue, bravant les menaces pour faire triompher les idées de la démocratie.
 
 
 Rien n'est évidemment gagné. Les transformations vont être longues et sans doute difficiles. Les obstacles nombreux. Je ne fais pas partie de ceux qui craignent que la disparitions des dictateurs favorisent l'arrivée de régimes islamistes intégristes. Je crois aux forces des idéaux démocratiques. Le modèle pour les tunisiens et les égyptiens n'est pas l'Iran. On a eu le sentiment profond pendant ces journées qu'ils aspiraient de toutes leurs forces à la liberté d'expression, aux respects des libertés individuelles et collectives, à la démocratie sous toutes ses formes. 
 
 
 Il nous appartient d'être à la hauteur de ces espérances. Il revient aux forces démocratiques occidentales de soutenir les démocrates tunisiens et égyptiens. Soyons en particulier vigilants pour que de supposés objectifs géostratégiques mondiaux ne referment pas la marche vers l'établissement de démocraties réelles. La France et l'union européenne doivent affirmer avec plus de force la primauté des valeurs démocratiques sur toutes les autres.
 
 
 Ces valeurs comme ces mouvements en Tunisie et en Egypte peuvent entrainer et donner courage aux algériens, aux marocains, et à tous ceux qui à travers le monde subissent le joug de régimes qui les privent des libertés élémentaires. 
 
 
 Il reste que l'un des moteurs de ces mouvements révolutionnaires est de nature économique. Sous emploi, famine, inégalités de richesses, conditions de logement, sont autant de sujets qui ont poussé les manifestants à descendre dans la rue. Or sur ces sujets, il faut reconnaitre que le modèle démocratique occidental montre lui aussi tous les jours ses insuffisances et ses limites. Or c'est pour ces peuples tout à fait décisif dans la période qui s'annonce. La mise en œuvre d'un processus démocratique doit absolument s'accompagner de reformes économiques et sociales profondes. L'un ne peut aller sans l'autre. C'est dans le cas contraire que les forces démocratiques naissantes prendraient le risque d'ouvrir la porte à d'autres extrémismes .